En 2020, TDR a publié un document théorique qui présente les éléments essentiels d'une collaboration multisectorielle réussie pour la prévention et le contrôle des maladies à transmission vectorielle. Depuis, TDR soutient des équipes de recherche qui mettent en oeuvre cette approche multisectorielle (AMS), et certains pays ont constaté que cette approche avait un impact mesurable en termes de diminution de la transmission de maladies telles que le paludisme.
En Septembre 2023, TDR a organisé un atelier de formation à Saly, au Sénégal, pour aider les intervenants de programmes nationaux de lutte contre le paludisme de quatre pays africains (Burkina Faso, Sénégal, République-Unie de Tanzanie et Zambie) à concevoir une approche et des activités multisectorielles adaptées à leurs contextes.
L'atelier de formation s’est déroulé en incluant des présentations formelles, des groupes de travail et des discussions. Les participants de huit pays ont présentés des activités d’AMS. Par exemple, la Chine a adopté cette approche pour l'élimination du paludisme, et le Brésil la met en œuvre pour le contrôle de la dengue. Les participants ont partagé leurs expériences au travers d’études de cas et d'activités conjointes avec des secteurs autres que la santé, tels que l'agriculture, l'exploitation minière, la gestión de l’eau, l'assainissement et l'hygiène.
Au Sénégal, l’AMS a contribué à une réduction substantielle des cas de paludisme dans la localité de Ndayane, dans le district de Popenguine. Le secteur de la pêche y a joué un rôle important, car l’association des pêcheurs fait de la promotion de la santé en sensibilisant les populations locales à l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d’action. Cet engagement a débuté il y a une vingtaine d'années, et cette sensibilisation associée aux autres méthodes a permis de réduire fortement l’incidence du paludisme chez les enfants, car ce district ne rapporte que 6 cas de paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, en 2023.
"L'élimination du paludisme ne peut se concevoir sans une approche multisectorielle et particulièrement l'engagement et l'appropriation par les communautés", a déclaré le Dr Doudou Sene, coordinateur du programme national de lutte contre le paludisme au Sénégal. "L'approche multisectorielle est un outil puissant qui a un impact réel en réduisant la transmission du paludisme".
En outre, une étude en collaboration avec les secteurs de l'agriculture et de l'environnement pour contrôler les moustiques vecteurs du paludisme est en cours dans la région du Sahel au Mali. Les activités multisectorielles incluent la destruction physique des sites de reproduction, l'application de larvicides biologiques et l'élimination des mâles adultes lorsqu’ils forment des essaims (pour l’accouplement). Ces mesures ont permis de réduire de près de 60 % la densité des moustiques anophèles dans les habitations d'un village de pêcheurs situé le long du fleuve Niger, sur une période de quatre mois.
"Echanger avec les collègues d'autres pays sur la mise en œuvre de l'approche multisectorielle et découvrir de nouvelles activités en collaboration avec les autres secteurs, m'a aidé à comprendre le fonctionnement et l’impact de cette approche alors que nous nous préparons à la mettre en œuvre en Zambie", a déclaré le Dr Freddie Masaninga, représentant du bureau de pays de l'OMS en Zambie.
Pour plus d'informations, veuillez contacter le Dr Florence Fouque.